Viêt Nam ! Inimitiés ?

Inimitiés ! Vraiment ?

Pourquoi les Khmers et les Vietnamiens ne s'aiment pas, se jalousent, voire se détestent ?
 

Avant d'essayer de répondre à cette question épineuse,  il faut préciser que les Khmers se sont toujours méfiés des Vietnamiens, c'est pour cette raison que les mariages/alliances furent rares entre ces deux peuples.

Du moins avant 2004, car depuis ils est plus fréquent de rencontrer des couple Khmèro/Viêt notamment dans les zones frontalières.

Malgré tout, il y a bien une sorte de détestation quasi ancestrale, voire viscérale. Les invasions successives du Cambodge par les Vietnamiens en sont les raisons principales. Et tenter de décrypter la genèse de cette haine à travers l'histoire du Cambodge relève du défi. Alors nous sollicitons l'indulgence des lecteurs de ce forum.

Des invasions furent nombreuses contre l'Empire Khmer, par les Siams (actuellement la Thaïlande) et les Chams originaires du Champa (Vietnam méridional). Mais les Siams ne furent jamais détestés comme purent l'être les vietnamiens.

Alors parlons des Chams, qui après de nombreuses guerres et alliances conquirent peu à peu l'Empire Khmer. Eh oui, certains nobles mariages furent l'occasion de céder des terres aux Vietnamiens. Mais ceci n'est pas nouveau, le territoire français s'est fait et défait, lui aussi, au fil des alliances et des guerres.

Citons, que les principaux événements, comme par exemple lorsque les Chams s'emparèrent des temples d'Angkor dès 1177 , avant que Jayavarman VII n'en reprenne possession en 1181. Puis vers 1670 lorsque les Vietnamiens, contrôlèrent progressivement le delta du Mékong, que les cambodgiens continuent d’appeler Kampuchéa Krom (Bas-Cambodge, maintenant le sud du Vietnam).

Puis de 1835 à 1848, le Vietnam imposa sa tutelle au Cambodge. Il mit sur le trône une femme, la reine Ang Mei, et tenta de transformer le mode de fonctionnement de l’administration cambodgienne. Les mandarins vietnamiens affichèrent un grand mépris pour les Khmers et leur royaume. Mais les diverses maladresses des Vietnamiens furent, peut-être plus importantes : en même temps qu’ils prétendirent recenser et cadastrer, ils s’attaquèrent aux privilèges des notables. Le système hiérarchique fut modifié, le port du costume vietnamien et le respect des usages correspondants furent imposés...

Alors de très grandes communautés de Vietnamiens s'installèrent définitivement au Cambodge,  pêchant et plantant le riz, s'accaparant de nombreux terrains au détriment des Khmers. Et en cas d’immigration définitive, les Vietnamiens reconstituèrent leur organisation sociale reposant sur la famille et le village. De ce fait, les relations avec les Khmers furent perçues comme étant de groupe à groupe, et comme telles marquées de la nécessité, pour chacun, d’affirmer son originalité, sa différence, voire sa haine de l'autre.

En 1970 Lon Nol ordonna à la population Vietnamien de quitter le Cambodge, ces derniers ne s'exécutèrent pas. De plus, des rumeurs commencèrent à circuler, relatives à une possible offensive nord-vietnamienne visant l'invasion de Phnom Penh. La paranoïa se développa et déclencha une violente réaction contre les 400 000 Vietnamiens vivant au Cambodge. Lon Nol espérait les utiliser comme otages contre les activités des Nord-Vietnamiens et les militaires commencèrent à effectuer des rafles pour les regrouper dans des camps de détention. C'est alors que les massacres débutèrent : dans les villes et les villages, partout au Cambodge, des soldats et des civils commencèrent à traquer leurs voisins vietnamiens afin de les assassiner. En avril, les corps de centaines de Vietnamiens dérivaient sur le Mékong vers le Sud Vietnam.

En 1979, le 7 janvier, les forces Vietnamiennes libérèrent le Cambodge des Khmers-Rouges. Mais dès le lendemain, voire le soir même, les Cambodgiens crièrent à l'invasion: les Youn ont envahis notre pays! Cette phrase des millions de Khmers la répéteront jusqu'en 1989. Et le Front National de Libération du Peuple Khmer (créer en mars 1979), s'allia avec les Khmers-Rouges pour combattre les Youn.

Cette invasion (puisque déclarée comme telle) dura dix ans. Avec des répressions sanglantes du peuple cambodgien. Certains historiens affirment que des dizaines de milles de Khmers furent tués par les Youn pendant cette période.
 

Après les accords de Paris, en 1991, le Vietnam a bien procédé au rapatriement de ses forces les plus visibles, mais dans le même temps des milliers de paysans-soldats Vietnamiens (les mêmes qui ont défaits les armées Françaises et U.S) ont afflué au Cambodge pour renforcer une présence civile déjà très forte depuis 1979. A tel point que dans certaines provinces, les Vietnamiens sont plus nombreux que les Cambodgiens (exemple  province de Svay-rieng, proche de Prey Veng).
 

Déjà lors de l’occupation, les Cambodgiens qui disposaient d’une habitation furent obligés d’en céder une partie au profit des nouveaux arrivants, ainsi de même pour les terres cultivables.
Cet expansionnisme insidieux, de longue date, a donc privé le Cambodge d’une grande partie de ses terres et de ses ressources, et privé des millions de Cambodgiens d’origine de leurs droits les plus élémentaires (droit de propriété, et de nationalité, notamment au Kampuchéa Krom et ses archipels).

 

Pis encore, il est apparu récemment à la faveur d’interprétations inopportunes, l’existence de « zones blanches » aux frontières, qui seraient devenues des zones « tampons » de non-appartenance et de non-droit. Les frontières du Cambodge ne sont pourtant pas fluctuantes comme on pourrait le croire, car elles sont reconnues par la communauté internationale et tracées depuis déjà fort longtemps. Dernièrement, François Hollande adressa un courrier au premier ministre Hun Sen, contenant les cartes géographiques établies par les français, afin que celles-ci apportent les preuves irréfutables du tracé frontalier.
 

Mais je crains que cela ne serve à rien ! Car cela impliquerait la restitution de l'île de Phu Quoc, que dis-je, de l'archipel composée de ses 22 îles, autrefois appelée Koh Traol, et revendiquée par le Cambodge. Comme l'atteste la lettre que le souverain khmer Ang Duong a adressée à Napoléon III en 1856, où il annonçait que malgré la perte de ces territoires, le Cambodge ne renonçait pas à y exercer un jour ses droits. Mais cette restitution est quasiment impossible et générerait des troubles importants entre les deux pays.


Enfin, mais il ne s’agit sans doute que d’un facteur mineur et secondaire, mais on peut dire que les systèmes de parenté sont peu compatibles : le système vietnamien patrilinéaire (héritage en ligné du père) et patrilocal suppose une forte intégration à tout le groupe familial et s’oppose au système khmer matrilocal (le fiancé demeure dans la famille de sa femme), et sans ligné pour l'héritage (un mari peut hériter de sa belle famille). Ce qui n'incite pas les Khmers à se marier avec les Vietnamiens.


En conclusion, les Cambodgiens se méfièrent de tout temps des invasions Vietnamiennes, et cette méfiance dégénéra progressivement en peur de l'autre, puis en haine. De plus, le testament d'Hô Chi Minh, explicite clairement la volonté du Vietnam à reconquérir l'ancienne Indochine.
 

En apparence, la cohabitation semble normale, voire sereine entre ces deux peuples, mais c'est seulement une apparence !

 

 

 

 

 
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