Le Barraing, cet Etranger !
Le Barraing est au Cambodge ce que le Farang est a la Thaïlande : un étranger !
Nota: បារាំង = Barraing, à l'origine, du temps du protectorat, ce nom désignait les Français. Aujourd'hui, par extension, il désigne tous les étrangers de race blanche.
Malheureusement, en Thaïlande il semblerait que l'on ne veuille plus des Farangs, ou plus exactement des Français qui, selon le gouvernement Thaï, ne sont plus désirables dans le pays, et n'auront plus la possibilité de visas longue durée, uniquement une quinzaine de jours pour de petites vacances...
Mais au Cambodge, ce n'est pas encore le cas !
Le Cambodge ne délivre que trois sortes de visas : un pour le flâneur, un pour le bosseur, et un pour le glandeur. Quoi qu’il fasse, le Barraing entre dans l'une de ces trois catégories… Simple et dichotomique.
Qu’il travaille sur le sol khmer, ou qu'il soit en retraite depuis près de vingt ans, qu’il soit marié et père de plusieurs enfants à moitié locaux ou qu’il passe seulement 24 heures au royaume du sourire, il reste un Étranger. C’est clair et officiel.
L'étranger se reconnaît à sa couleur de peau, à son accoutrement, à la manière de toujours s’énerver devant les situations qu’il ne comprend pas et à sa façon de ne jamais donner aux pauvres... Lorsqu’il est cité dans un article de presse, on dit « l’étranger », « le Français », « le Belge », etc. C’est normal. C’est son statut.
Le Français est, qui plus est, un perpétuel critique, un idéaliste pétri de valeurs morales et de droits divers, à commencer par l’égalité, la fraternité et la liberté. Il a également un petit coté paternaliste et aime à donner des leçons de choses, surtout sur des sujets qu’il ne connaît pas. Il voit souvent la vie comme un lieu avec une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. Sa place à lui, c’est l'expatrier. Sa position, donneur de leçons, alors qu'il ne comprend rien.
Son comportement se résume à une attitude grossière, comme le rôle de Jean Dujardin dans OSS 117, dans le film "Le Caire, nid d'espions".
Oui, je sais, c'est un film burlesque, mais très représentatif ! Car en quarante années de présence au Cambodge, j'ai vu pire encore !
Eh oui, l'expat français ne sait pas s'intéresser aux autres, aux cultures, aux us et coutumes différentes des siennes. Tout cela le dépasse, il ne comprend rien, il juge avec suffisance et prétention, il n'admet pas que l'on puisse être différent et veut imposer ses idéaux et ses manières de vivre... Et lorsqu'il croit comprendre, c'est manifestement à côté de la plaque...
Ainsi, ces Français-là sont venus pour la France qui travaille, ou la France en retraite, mais les deux picolent et dénigrent.
Oui, mais voilà, ici, au Cambodge, ce n’est pas en France !
Et, ICI, l’immigré, c’est vous et c’est un peu moi aussi.
Alors, renversons les rôles un instant, et lançons nous dans la fiction : et si un jour, pour les Cambodgiens, la racaille au Cambodge, c’était nous ?
S’ils décidaient de se débarrasser de tous ces néo-colons, de tous ces gens qui s’installent chez eux à demeure, donnent des leçons de bonne gouvernance, critiquent les institutions du pays. S’ils décidaient qu’il y en a assez de ces étrangers qui touchent des salaires en forme de cagnotte de loto au sein des organisations humanitaires internationales dans un pays où on ne gagne en moyenne que quelques dollars par jour ? S’ils en avaient marre de l’arrogance de certains, de leur mépris et de leur comportement ? S’ils choisissaient de virer tous ces empêcheurs de corrompre en rond ?
Le français n’aime pas trop qu’un plombier polonais vienne déboucher les chiottes de sa maison. Mais il vient au Cambodge expliquer qu’il faut relever la cuvette quand on fait pipi ! Ah, oui, c’est vrai, il est dans le juste. Il est dans la lumière. Les autres sont dans l’ombre. Il amène la démocratie aux peuples opprimés. Il lutte contre le mal. Il est le bien, n'est-ce-pas ! Un peu comme en Irak, en Syrie, en Afghanistan ... ? Voire même au Cambodge, lorsque la France décida d'aider les Khmers-Rouges à partir de 1971 et de les soutenir encore, après leur chute, de 1979 à 1991. Contribuant aux malheurs du Royaume sans jamais avoir rendu de comptes. Alors, cherchez l'erreur !!!
Le Barraing, qui se croit chez lui partout, estime être en droit de recevoir le respect, la considération inhérente à sa position. Il est là, donc il doit exister en tant que tel.
L’Etat qui l’accueille doit donc penser à lui donner des droits, à lui aménager sa case. L’expatrié veut bien être un étranger (il n’a pas le choix de toute manière), mais il veut exister juridiquement et officiellement en tant que résident. Il trouve cela normal, logique puisqu’il est ici pour travailler, ou jouir de sa retraite...
Donc, si l'on veut continuer à exister, tout simplement vivre au Cambodge en toute harmonie avec les Khmers, on doit cesser de critiquer, de comparer, de s'étonner...
Et, surtout, on doit faire l'effort de s'intégrer !
Le Barraing n’est certes pas un Khmer, mais s'il continue comme cela, s'il ne désire pas se fondre dans la masse ; alors, il sera rejeté. Et sa différence lui claquera à la figure...
Posez-vous la question : "Qui suis-je pour critiquer ce pays qui n’est pas le mien ?"
Alors, le Cambodge, "Aime-le ou Quitte-le", un point c’est tout. Heureusement, certains expatriés ont su s'intégrer et, pour quelques-uns, bâtir un empire.
Reprise d'une publication de Frédéric Amat (Merci à lui). Publication très arrangée à la sauce Kroussar, pour donner plus du goût.

Commentaires
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- 1. Paul Le 10/03/2024
Je ne suis pas vraiment porté à l'autoflagellation, mais je dois bien reconnaître que le portrait du français un peu con est bien décrit ici.
J'ai vécu assez longtemps à l'étranger, pas encore au Cambodge, pour savoir que si on décide de vivre dans un autre pays nous avons l'obligation, le devoir de nous adapter, de nous intégrer. Quel bonheur d'être accepté par l'autre, qu'elle joie de voir dans le regard de l'autre que vous faite le maximum pour le comprendre. Ce n'est pas parce qu'en France on se laisse cracher dessus par les étrangers que nous devons faire de même à l'étranger, bien au contraire... Merci
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